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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

franchir. Le 28 juillet, en entrant dans le golfe Saint-Laurent, ils rencontrèrent deux barques russes, dont ils n’osèrent tout d’abord s’approcher. Mais, lorsqu’ils virent les matelots venir à eux, sans armes et avec des démonstrations d’amitié, ils bannirent toute crainte, d’autant plus qu’ils les reconnurent pour les avoir rencontrés l’année précédente dans les environs de Waigatz. Ils en reçurent quelque secours, et reprirent leur voyage en continuant à longer, d’aussi près que la glace le permettait, le rivage de la Nouvelle-Zemble. Dans une descente à terre, ils découvrirent la cochléaria, plante dont les feuilles et les semences sont un des plus puissants anti-scorbutiques connus. Aussi en mangèrent-ils à pleines mains et en éprouvèrent-ils presque aussitôt un grand soulagement. Cependant, leurs provisions s’épuisaient ; ils n’avaient plus qu’un peu de pain et presque plus de viande. Ils se décidèrent alors à prendre le large, afin de raccourcir la distance qui les séparait des côtes de Russie, où ils espéraient trouver quelques barques de pêcheurs qui pourraient les secourir. Leur espoir ne fut pas trompé, quoiqu’ils aient encore eu bien des maux à souffrir. Les Russes se montrèrent très-touchés de leur infortune, et consentirent à leur céder à plusieurs reprises des vivres, qui les empêchèrent de mourir de faim. Par un épais brouillard, les deux embarcations avaient été séparées. Elle ne se retrouvèrent que bien au delà du cap Kanine, de l’autre côté de la mer Blanche, à l’île Kildyn, où des