Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.
231
LES EXPÉDITIONS POLAIRES

navire était toujours engagé dans la glace. Le 15 avril, ils y firent une visite et le trouvèrent en assez bon état.

Au commencement de mai, les matelots commencèrent à s’impatienter et demandèrent à Barentz s’il ne comptait pas bientôt prendre les dispositions nécessaires au départ. Mais celui-ci leur répondit qu’il fallait attendre jusqu’à la fin du mois, et qu’alors, s’il était impossible de dégager le navire, on s’arrangerait pour disposer la chaloupe et le grand canot, et les rendre propres à naviguer en mer. Le 20 du mois, les préparatifs du départ furent commencés ; on peut deviner avec quelle joie et quelle ardeur. La chaloupe fut radoubée, les voiles furent raccommodées, le canot et la chaloupe traînés à la mer, les provisions embarquées. Puis, voyant que l’eau était ouverte et qu’il ventait fort, Heemskerke alla trouver Barentz, qui avait été longtemps malade, et lui déclara « qu’il lui semblait bon de partir de là et de commencer, au nom de Dieu, le voyage pour abandonner la Nouvelle-Zemble. »

« Guillaume Barentz avait auparavant écrit un billet expliquant comment nous étions partis de Hollande pour aller vers le royaume de Chine, et tout ce qui était advenu, afin que si, par aventure, quelqu’un venait après nous, il pût savoir ce qui nous était arrivé. Il a mis ce billet dans le fourreau d’un mousquet et l’a pendu à la cheminée. »

Le 13 juin 1597, les Hollandais abandonnèrent donc le navire, qui n’avait pas bougé de sa prison de glace,