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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

sans connaissance sur la neige, ce qu’apercevant, j’y courus et le trouvai couché tout évanoui. Je m’en allai en hâte chercher du vinaigre et lui en frottai la face jusqu’à ce qu’il revînt de sa pamoison. Puis après, quand nous fûmes revenus à nous, le capitaine donna à chacun un peu de vin pour nous réconforter le cœur.

« Le 11, continua le temps clair avec une extrême froidure, telle que celui qui ne l’a pas éprouvée ne voudrait le croire ; même les souliers, gelés à nos pieds, étaient aussi durs que de la corne, et intérieurement ils étaient couverts de glace, de manière que nous ne pouvions plus nous en servir. Les vêtements sur nos corps étaient tout blancs de la gelée et de la glace. »

Le 25 décembre, jour de Noël, le temps fut aussi rude que les jours précédents. Les renards faisaient rage sur la maison, ce que l’un des matelots dit être de mauvais présage, et comme on lui demandait pourquoi, il répondit : « Parce qu’on ne pouvait les mettre en un pot ou à la broche, ce qui eût été bon présage. »

Si l’année 1596 avait fini par un froid extrême, le commencement de 1597 ne fut pas plus agréable. Tempêtes de neige et gelées très-violentes ne permirent pas aux Hollandais de sortir de la maison. Ils y célébrèrent gaiement la fête des Rois, comme le rapporte le naïf et touchant récit de Gerrit de Veer. « C’est pourquoi, nous avons demandé au capitaine qu’au milieu de notre misère, nous pussions nous divertir un peu, y employant une partie du vin qu’on