Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.
228
GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

de Xérès, lors de la distribution qui s’en faisait tous les deux jours par mesure d’une demi-pinte.

« Le 7 décembre, continua le rude temps avec une tempête violente, venant du nord-est, qui produisit un froid horrible. Comme nous ne savions aucun moyen pour nous en garantir, et que nous délibérions ensemble sur ce que nous pourrions faire de mieux, l’un des nôtres, en cette extrême nécessité, proposa d’user de la houille, que nous avions apportée de notre navire en la maison, et d’en faire du feu, parce que le feu en est ardent et de longue durée. Sur le soir, nous fîmes un grand feu de cette houille, qui donna une grande chaleur ; mais nous ne prîmes pas garde à ce qui pouvait en advenir ; car, comme la chaleur nous ranima entièrement, nous cherchâmes à la retenir longtemps. À cette fin, nous trouvâmes bon de bien étouper tous les huis et la cheminée, pour tenir la douce chaleur enclose. Et ainsi, chacun alla dormir en sa cabane, bien animé par cette chaleur acquise, et nous discourûmes longtemps ensemble. Mais à la fin, il nous prit un tournoiement de tête, toutefois à l’un plus qu’à l’autre ; et nous nous en aperçûmes premièrement à l’un des nôtres qui était malade, et qui, par cette raison, le pouvait moins endurer. Et aussi par nous-mêmes ; nous sentîmes qu’une grande angoisse nous surprit, de manière que quelques-uns, qui furent les plus vaillants, sortirent de leur cabane et commencèrent par déboucher la cheminée, puis après ouvrirent l’huis. Mais celui qui ouvrit l’huis s’est évanoui et tomba