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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

à l’intérieur une pendule hollandaise fut pendue ; des lits se dressèrent le long des murs et un tonneau se transforma en baignoire, car le chirurgien avait sagement recommandé l’usage fréquent des bains pour maintenir la santé des hommes. Ce qui tomba de neige pendant cet hiver est vraiment merveilleux. La maison disparut tout entière sous cet épais manteau, qui éleva d’ailleurs sensiblement la température intérieure. Chaque fois qu’ils avaient besoin de sortir, les Hollandais étaient obligés de creuser un long corridor sous la neige. Toutes les nuits, ils entendaient les ours d’abord, puis les renards qui se promenaient sur le toit de l’habitation et tâchaient d’enlever quelques planches du toit pour pénétrer dans l’intérieur. Aussi prirent-ils l’habitude de grimper dans la cheminée, d’où, comme d’une guérite, ils pouvaient les tirer et les chasser. Ils avaient confectionné un grand nombre de piéges, dans lesquels tombèrent quantité de renards bleus, dont la précieuse fourrure leur servait à se garantir du froid et dont la chair leur permettait d’économiser leurs provisions. Toujours gais et de bonne humeur, ils supportèrent tant bien que mal l’ennui de la longue nuit polaire et la rigueur du froid. Il fut tel, que, pendant deux ou trois jours, comme ils n’avaient pu faire autant de feu qu’auparavant à cause de la fumée rabattue par le vent, il gela si fort dans la maison, que les parois et les sol furent glacés à la profondeur de deux doigts, même dans les cabanes où ces pauvres gens étaient couchés. Il fallut faire dégeler le vin