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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

de les écorcher pour prendre leur fourrure et ne les mangèrent pas, sans doute parce qu’ils en croyaient la chair malsaine. C’eût été, pourtant, un supplément considérable de nourriture, qui leur aurait permis de ne pas toucher à leurs viandes salées et d’éviter plus longtemps les atteintes du scorbut. Mais n’anticipons pas et continuons à suivre le journal de Gerrit de Veer.

Le 23 septembre, le charpentier mourut et fut enterré le lendemain dans la fente d’une montagne, parce qu’il était impossible de bêcher la terre, tant le froid était grand. Les jours suivants furent consacrés au transport des bois flottés et à la construction de la maison. Il fallut, pour la couvrir, démolir les chambres d’avant et d’arrière du navire ; elle fut montée le 2 octobre, et l’on y planta, en guise de mai, une pièce de neige gelée. Le 31, il fit grand vent du nord-ouest ; la mer était entièrement ouverte et sans glace, si avant que la vue pouvait s’étendre. « Mais nous demeurâmes comme pris et arrêtés en la glace, et le navire était bien de deux ou trois pieds élevé sur la glace, et nous ne pouvions penser autre chose, si ce n’est que l’eau était gelée jusqu’au fond, quoiqu’il y eût une profondeur de trois brasses et demie. »

Le 12 octobre, on commença à coucher dans la maison, bien qu’elle ne fût pas terminée. Le 21, la meilleure partie des vivres, les meubles et tout ce dont on pouvait avoir besoin, fut tiré du navire, car on sentait que le soleil allait bientôt disparaître. Une cheminée avait été élevée sur le toit de la maison ;