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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

plusieurs expéditions à la recherche, par le nord-est, d’une route vers la Chine ; projet autrefois formé par Sébastien Cabot, et qui avait donné à l’Angleterre le commerce de la Russie. Avec leur instinct pratique, les Hollandais s’étaient tenus au courant de la navigation anglaise. Ils avaient même établi des comptoirs à Kola et à Arkhangel, mais ils voulaient aller au delà chercher de nouveaux débouchés. La mer de Kara leur semblant trop difficile, ils résolurent, d’après les conseils du cosmographe Plancius, de tenter une nouvelle voie par le nord de la Nouvelle-Zemble. Les marchands d’Amsterdam s’adressèrent alors à un marin expérimenté, à Wilhelm Barentz, né dans l’île de Terschelling, près du Texel. Ce navigateur partit du Texel, en 1594, sur le Mercure, doubla le cap Nord, vit l’île de Waigatz, et se trouva le 4 juillet en vue de la côte de la Nouvelle-Zemble par 73°25’. Il navigua le long du littoral, doubla le cap Nassau le 10 juillet, et fut en contact avec les glaces trois jours plus tard. Jusqu’au 3 août, il tenta de se frayer un passage, tâtant la banquise de côtés différents, remontant jusqu’aux îles Orange à l’extrémité de la Nouvelle-Zemble, parcourant dix-sept cents milles et virant de bord jusqu’à quatre-vingt-une fois.

Nous ne croyons pas que jusqu’alors aucun navigateur ait fait preuve d’une telle persévérance. Ajoutons qu’il mit à profit cette longue croisière pour fixer astronomiquement et avec une rare précision la latitude d’une série de positions. Enfin, lassé de cette lutte