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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

deux navires, le 20 avril 1534. Le bâtiment qui le portait ne jaugeait que soixante tonneaux et avait soixante et un hommes d’équipage. Au bout de vingt jours seulement, tant la navigation fut heureuse, Cartier découvrit Terre-Neuve au cap Bonne-Vue. Il remonta alors dans le nord jusqu’à l’île aux Oiseaux, qu’il trouva environnée d’une glace toute rompue et déliquescente, mais sur laquelle il put, cependant, faire une provision de cinq ou six tonneaux de guillemots, de macareux et de pingouins, sans compter ceux qui furent consommés frais. Il explora ensuite toute la côte de l’île, qui portait à cette époque quantité de noms bretons, ce qui prouve la fréquentation assidue de nos compatriotes dans ces parages. Puis, pénétrant dans le détroit de Belle-Ile, qui sépare le continent de l’île de Terre-Neuve, Cartier parvint au golfe de Saint-Laurent. Sur toute cette côte les ports sont excellents. « Si la terre correspondait à la bonté des ports, dit le navigateur malouin, ce serait un grand bien ; mais on ne la doit point appeler terre ; ce sont bien plutôt cailloux et rochers sauvages et lieux propres aux bêtes farouches : d’autant qu’en toute la terre vers le nord, je n’y vis pas tant de terre qu’il en pourrait tenir en un benneau (tombereau). » Après avoir côtoyé le continent, Cartier fut rejeté par la tempête sur la côte occidentale de Terre-Neuve, où il explora les caps Royal, de Lait, les îles Colombaires, le cap Saint-Jean, les îles de la Madeleine, et la baie de Miramichi sur le continent. En cet endroit, il eut quelques