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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

de la mer, et, l’ayant baisé très-amoureusement, ils se retirèrent sur une colline pour le voir rentrer dans la barque. »

Continuant à suivre le rivage vers le nord pendant plus de cinquante lieues, les Français atteignirent une terre qui leur parut plus belle, étant couverte de bois épais. Dans ces forêts, vingt hommes s’enfoncèrent de plus de deux lieues et ne regagnèrent le rivage que dans la crainte de s’égarer. Ayant, dans ce trajet, rencontré deux femmes, une jeune et une vieille avec des enfants, ils se saisirent d’un de ces derniers, qui pouvait avoir huit ans, dans le but de l’emmener en France ; mais ils ne purent en faire autant de la jeune femme, qui se mit à crier de toutes ses forces, appelant à son secours ses compatriotes qui étaient cachés dans les bois. En cet endroit, les sauvages étaient plus blancs que tous ceux qu’on avait rencontrés jusque-là ; ils prenaient les oiseaux au lacet et faisaient usage d’un arc en bois très-dur et de flèches armées d’os de poisson. Leurs canots, longs de vingt pieds et larges de quatre, étaient creusés au feu dans un tronc d’arbre. Les vignes sauvages étaient nombreuses et escaladaient les arbres en longs festons, ainsi qu’elles font en Lombardie. Avec un peu de culture, elles auraient sans doute produit un excellent vin, « car le fruit en était suave et doux, semblable au nôtre, et nous pensâmes que les indigènes n’y étaient pas insensibles, car partout où ces vignes poussaient, ils avaient soin d’enlever les branches des