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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

réuni toutes les petites principautés rivales en un seul corps d’état, dont la puissance commençait à devenir considérable. La situation de la Russie, exclusivement continentale, loin de toute mer fréquentée, isolée du reste de l’Europe dont elle ne faisait pas encore partie, tant ses mœurs et ses habitudes étaient encore asiatiques, promettait le succès à Chancellor. Le czar, qui jusqu’alors n’avait pu se procurer que par la voie de la Pologne les marchandises d’origine européenne, et qui voulait arriver jusqu’aux mers germaniques, vit avec plaisir les Anglais essayer d’établir un commerce qui devait être avantageux pour les deux parties. Non-seulement il accueillit Chancellor avec courtoisie, mais il lui fit les offres les plus avantageuses, lui accorda de grands priviléges et l’encouragea, par l’affabilité de sa réception, à renouveler son voyage. Chancellor vendit avec bénéfice ses marchandises, prit une autre cargaison de fourrures, d’huile de phoque et de baleine, de cuivre et d’autres produits, puis il regagna l’Angleterre avec une lettre du czar. Les avantages que la Compagnie des marchands aventuriers avait tirés de ce premier voyage l’encouragea à en tenter un second. Chancellor fit donc, l’année suivante, une nouvelle course à Arkhangel et amena en Russie deux agents de la Compagnie, qui conclurent avec le czar un traité avantageux. Puis, il reprit la route de l’Angleterre avec un ambassadeur et sa suite qu’Ivan envoyait en Grande-Bretagne. Des quatre navires qui composaient la flotte, l’un périt sur les côtes de Norvége, un autre en quittant Dron-