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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

sances auxquelles le roi, qui était malade, ne put assister. Près des îles Loffoden, sur la côte de Norvége, à la hauteur de Wardhöus, l’escadre fut séparée du Bonaventure. Emportés par la tourmente, les deux vaisseaux de Willoughby touchèrent sans doute à la Nouvelle-Zemble et furent forcés par les glaces de redescendre au sud. Le 18 septembre, ils entrèrent dans le port formé par l’embouchure de la rivière Arzina dans la Laponie orientale. Quelque temps après, la Buona-Confidencia, séparée de Willoughby par une nouvelle tempête, rentra en Angleterre ; quant à ce dernier, des pêcheurs russes retrouvèrent l’année suivante son navire au milieu des glaces. L’équipage entier était mort de froid. C’est du moins ce que donna à penser le journal tenu, jusqu’au mois de janvier 1554, par l’infortuné Willoughby.

Chancellor, après avoir vainement attendu ses deux conserves au rendez-vous qui avait été fixé en cas de séparation, se crut dépassé par elles, et, doublant le cap Nord, il entra dans un vaste golfe qui n’est autre que la mer Blanche, puis débarqua à l’embouchure de la Dwina, près du monastère Saint-Nicolas, sur l’emplacement où devait bientôt s’élever la ville d’Arkhangel. Les habitants de ces lieux désolés lui apprirent que le pays était sous la domination du grand-duc de Russie. Il résolut aussitôt de se rendre à Moscou, malgré l’énorme distance qui l’en séparait. C’était alors le czar Ivan IV Wassiliewitch, dit le Terrible, qui était sur le trône. Depuis quelque temps déjà, les Russes avaient secoué le joug tartare, et Ivan avait