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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

Le poste qu’occupa Cabot en Angleterre semble ne pouvoir être désigné que du nom d’intendant de la marine, car il paraît avoir veillé à toutes les affaires maritimes sous l’autorité du roi et du conseil. Il donne des permissions, il examine des pilotes, il rédige des instructions, il trace des cartes, besogne multiple, variée, pour laquelle il possédait, ce qui est si rare, les connaissances théoriques et pratiques. En même temps, il enseignait la cosmographie au jeune roi, il lui expliquait la variation du compas et savait l’intéresser aux choses de la navigation et à la gloire qui résulte des découvertes maritimes. C’était là une situation considérable, presque unique. Cabot s’en servit pour mettre à exécution un projet qu’il caressait depuis longtemps.

À cette époque, le commerce n’existait pour ainsi dire pas en Angleterre. Tout le trafic était entre les mains des villes hanséatiques, Anvers, Hambourg, Brême, etc. Ces compagnies de marchands avaient, à différentes reprises, obtenu des abaissements de droits d’entrée considérables, et ils avaient fini par monopoliser le commerce anglais. Cabot pensait que les Anglais avaient autant de qualités qu’eux pour devenir des manufacturiers, et que la marine déjà puissante que possédait l’Angleterre pourrait merveilleusement servir à l’écoulement des produits du sol et des fabriques. À quoi bon recourir à des étrangers lorsqu’on pouvait faire ses affaires soi-même ? Si l’on n’avait pu, jusqu’ici, gagner le Cathay et l’Inde par le