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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

baient toutes ses ressources, les cortès refusaient de voter de nouveaux subsides, et les Moluques venaient d’être engagées au Portugal. Dans ces conditions, après avoir occupé cinq ans le pays et attendu pendant tout ce temps des secours qui n’étaient jamais arrivés, Cabot fit en partie évacuer ses établissements et revint en Espagne avec une partie de son monde. Le reste, composé de cent vingt hommes laissés à la garde du fort San Spirito, après bien des péripéties que nous ne pouvons raconter ici, périt de la main des Indiens, ou fut obligé de se réfugier sur les côtes du Brésil dans les établissements portugais. C’est aux chevaux, importés par Cabot, qu’est due la merveilleuse race sauvage qui vit aujourd’hui en troupes nombreuses dans les pampas de la Plata, et ce fut là le seul résultat de cette expédition.

Quelque temps après son retour en Espagne, Cabot résigna sa charge et vint s’établir à Bristol vers 1548, c’est-à-dire au commencement du règne d’Édouard VI. Quels furent les motifs de ce nouveau changement ? Cabot était-il mécontent d’avoir été laissé à ses propres forces pendant son expédition ? Se trouva-t-il blessé de la manière dont furent récompensés ses services ? Nous ne saurions le dire. Mais Charles-Quint profita du départ de Cabot pour lui rayer sa pension, qu’Édouard VI s’empressa de remplacer, en lui faisant payer annuellement 250 marcs, soit 116 livres sterling et une fraction, ce qui était une somme considérable pour l’époque.