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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

rage au débarquement des étrangers, et trois Espagnols ayant essayé d’abattre les fruits d’un palmier, une lutte s’engagea pendant laquelle trois cents naturels perdirent la vie. Cette victoire avait mis hors de combat vingt-cinq Espagnols. C’était trop pour Cabot, qui évacua rapidement ses blessés sur le fort San Spirito et se retira en faisant face aux assaillants.

Déjà Cabot avait envoyé à l’empereur deux de ses compagnons pour le mettre au courant de la tentative de révolte de ses capitaines, lui faire connaître les motifs qui l’obligeaient à modifier le cours fixé de son voyage et lui demander des secours en hommes et en provisions. La réponse arriva enfin. L’empereur approuvait ce que Cabot avait fait, lui ordonnait de coloniser le pays dans lequel il venait de s’établir, mais il ne lui envoyait ni un homme ni un maravédis. Cabot essaya de se procurer dans le pays les ressources qui lui manquaient et fit commencer des essais de culture. En même temps, pour tenir ses troupes en haleine, il réduisait à l’obéissance les nations voisines, faisait construire des forts, et, remontant le Paraguay, il atteignait Potosi et les cours d’eau des Andes qui alimentent le bassin de l’Atlantique. Enfin, il se préparait à pénétrer au Pérou, d’où venaient l’or et l’argent qu’il avait vus entre les mains des indigènes ; mais, pour tenter la conquête de cette vaste région, il fallait plus de troupes qu’il n’en pouvait réunir. Cependant, l’empereur était dans l’impossibilité de lui en envoyer. Les guerres d’Europe absor-