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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

Il est probable qu’il faut attribuer aux intrigues de l’ambassadeur espagnol le retard subi par l’expédition de Cabot, car l’année 1496 se passa tout entière sans qu’il eût accompli ce voyage.

L’année suivante, il partit au commencement de l’été. Après avoir retrouvé la Terre Prime-Vue, il suivit la côte et ne tarda pas à s’apercevoir, à son grand désappointement, qu’elle courait vers le nord. « Alors, la longeant pour m’assurer si je ne trouverais pas quelque passage, je n’en pus découvrir, et m’étant avancé jusqu’au 56e degré, et voyant qu’à cet endroit la terre tournait à l’est, je désespérai de découvrir un passage, et je virai de bord pour examiner la côte dans cette direction, vers la ligne équinoxiale, toujours avec le même objet de trouver un passage aux Indes, et à la fin j’atteignis le pays aujourd’hui nommé Floride où, les provisions commençant à me manquer, je pris la résolution de regagner l’Angleterre. » Ce récit, dont nous avons donné plus haut le commencement, fut fait par Cabot à Fracastor, quarante à cinquante ans après l’événement. Aussi n’est-il pas étonnant que Cabot y mêle deux navigations parfaitement distinctes, celle de 1494 et celle de 1497. Ajoutons encore quelques réflexions à ce récit : la première terre vue fut, sans contredit, le cap Nord, extrémité septentrionale de l’île du cap Breton, et l’île qui lui est opposée est celle du Prince-Édouard, longtemps connue sous le nom d’île Saint-Jean. Cabot pénétra vraisemblablement dans l’estuaire du Saint Laurent, qu’il prit pour