Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.
172
GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

palais qu’il habitait avec ses trois enfants. Gaspard, son troisième fils, après avoir été au service du roi Emmanuel, alors que celui-ci n’était que duc de Beja, s’était de bonne heure senti attiré vers les entreprises de découvertes qui avaient illustré son père. Par un acte daté de Cintra, le 12 mars 1500, le roi Emmanuel fit don à Gaspard Cortereal des îles ou de la terre ferme qu’il pourrait découvrir, et le roi ajoutait ce renseignement précieux que « déjà et à d’autres époques il les avait cherchées pour son compte et à ses dépens. »

Gaspard Cortereal n’en était donc pas alors à son coup d’essai. Vraisemblablement, ses recherches avaient dû être dirigées dans les parages où son père avait signalé l’île des Morues. À ses frais, quoique avec l’aide du roi, Gaspard Cortereal équipa deux navires, au commencement de l’été de 1500, et, après avoir fait escale à Terceira, il fit voile vers le nord-ouest. Sa première découverte fut celle d’une terre dont l’aspect plantureux et verdoyant semble l’avoir charmé. C’était le Canada. Il y vit un grand fleuve charriant de la glace, le Saint-Laurent, que quelques-uns de ses compagnons prirent pour un bras de mer, et auquel il donna le nom de Rio-Nevado. « Le débit en est si considérable, qu’il n’est pas probable que ce pays soit une île, sans compter qu’il doit être partout couvert d’une couche de neige très-épaisse pour pouvoir donner naissance à un tel cours d’eau ».

Les maisons de cette contrée étaient en bois, cou-