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LES EXPÉDITIONS POLAIRES

fut fatale à Zeno, qui mourut peu de temps après son retour en Frisland.

Un vieux marin, revenu avec le Vénitien, qui avait été, disait-il, pendant de longues années prisonnier dans les pays de l’extrême ouest, aurait donné à Sinclair des détails si précis et si tentants sur la fertilité et l’étendue de ces régions, que ce dernier résolut d’en faire la conquête avec Antonio Zeno, qui avait rejoint son frère. Mais les populations se montrèrent partout si hostiles, opposèrent une telle résistance au débarquement des étrangers, que Sinclair dut, après une longue et périlleuse navigation, regagner le Frisland. Ce sont là tous les détails qui nous ont été conservés, et ils nous font regretter vivement la perte de ceux qu’Antonio devait donner, dans ses lettres à son père Carlo, au sujet des contrées que Forster et Malte-Brun ont cru pouvoir identifier avec Terre-Neuve.

Qui sait si, dans son voyage en Angleterre, pendant ses pérégrinations jusqu’à Thulé, Christophe Colomb n’entendit pas parler des antiques expéditions des Northmen et des Zeni, et si ces renseignements ne venaient pas apporter une confirmation singulière aux théories qu’il professait, aux idées pour la réalisation desquelles il était venu réclamer l’appui du roi d’Angleterre ?

De l’ensemble des faits que nous venons d’exposer brièvement, il résulte que l’Amérique était connue des Européens et colonisée avant Colomb. Mais, par suite de diverses circonstances, au premier rang desquelles