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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

reuses par leurs bas-fonds qui divisent cet archipel, sont encore vrais aujourd’hui.

Satisfait de sa position, Zeno écrivit à son frère Antonio de le venir rejoindre. Tandis que Sinclair faisait la conquête des Féroë, les pirates norvégiens désolaient les Shetland, alors nommées Eastland. Nicolo fit voile pour leur livrer bataille, mais lui-même dut s’enfuir devant leur flotte, beaucoup plus nombreuse que la sienne, et se réfugier sur une petite île de la côte d’Islande.

Après avoir hiverné en cet endroit, Zeno serait débarqué l’année suivante sur la côte orientale du Groenland, par 69 degrés de latitude septentrionale, dans un endroit « où se trouvaient un monastère de l’ordre des prédicateurs et une église dédiée à Saint-Thomas. Les cellules étaient chauffées par une source naturelle d’eau chaude que les moines employaient à préparer leurs aliments et à faire cuire leur pain. Les moines avaient de même des jardins couverts pendant la saison d’hiver et chauffés de la même façon, de sorte qu’ils étaient en état de produire des fleurs, des fruits et des herbes, comme s’ils avaient vécu dans un climat tempéré. » Ce qui semblerait confirmer ces récits, c’est que, de 1828 à 1830, un capitaine de la marine danoise a rencontré par le 69e degré une population de six cents individus de type nettement européen.

Mais cette course aventureuse, dans des contrées dont le climat ressemblait si peu à celui de Venise,