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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

jeudi, ce qui nous surprit, parce que. suivant nos journaux, nous n’étions qu’au mercredi. Nous ne pouvions nous persuader de nous être trompés d’un jour ; j’en fus moi-même plus étonné que les autres, parce qu’ayant toujours été assez bien portant pour tenir mon journal, j’avais, sans interruption, marqué les jours de la semaine et les quantièmes du mois. Nous apprîmes ensuite qu’il n’y avait point d’erreur dans notre calcul, parce qu’ayant toujours voyagé vers l’ouest, en suivant le cours du soleil, et étant revenus au même point, nous devions avoir gagné vingt-quatre heures sur ceux qui étaient restés en place ; et il ne faut qu’y réfléchir pour en être convaincu. »

Sébastien del Cano gagna ensuite rapidement la côte d’Afrique et entra, le 6 septembre, dans la baie de San-Lucar de Barrameda, avec un équipage de dix-sept personnes, presque toutes malades. Deux jours après, il jetait l’ancre devant le môle de Séville, après avoir accompli en entier le tour du monde.

Dès son arrivée, Sébastien del Cano se rendit à Valladolid, où était la cour, et reçut de Charles-Quint l’accueil que méritaient tant de traverses courageusement surmontées. Le hardi marin, avec une pension de cinq cents ducats, eut la permission de prendre des armoiries représentant un globe avec cette devise : Primus circumdedisti me. Le riche chargement de la Victoria décida l’empereur à expédier une seconde flotte aux Moluques. Cependant, le commandement suprême n’en fut pas donné à Sébastien del Cano ; il