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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

racine ; cependant le tronc, qu’on appelle calama, a la même vertu médicinale. »

Décidément, ce n’est pas chez Pigafetta qu’il faudra chercher nos connaissances botaniques ; nous risquerions fort de nous tromper en prenant au sérieux les bourdes que lui racontait le Maure, auprès duquel il cherchait ses renseignements. Et cependant, le voyageur lombard nous donne avec le plus grand sérieux du monde des détails fantastiques sur la Chine et tombe dans de lourdes erreurs, qu’avait évitées Duarte Barbosa, son contemporain. Grâce à ce dernier, nous savons que le commerce de l’anfian ou de l’opium existait dès cette époque.

Une fois que la Victoria fut sortie des parages de Malacca, Sébastien del Cano eut bien soin d’éviter la côte de Zanguebar, où les Portugais étaient établis depuis le commencement du siècle. Il fit route en pleine mer jusque par 42° de latitude sud et dut pendant neuf semaines tenir les voiles serrées en vue de ce cap, à cause des vents d’ouest et de nord-ouest qui finirent par une horrible tempête. Pour tenir cette route, il fallut au capitaine une grande persévérance et non moins d’envie d’amener à bonne fin son entreprise. Le navire avait plusieurs voies d’eau, et nombre de matelots réclamaient une relâche à Mozambique, car, les viandes non salées s’étant corrompues, l’équipage n’avait plus pour boisson et pour nourriture que de l’eau et du riz. Enfin le 6 mai, le cap des Tempêtes fut doublé, et l’on put espérer la favorable issue du