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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

et de treize Indiens. Cinquante-quatre Européens demeuraient à Tidor sur la Trinidad.

Après avoir passé au milieu des îles de Caioan, Laigoma, Sico, Giofi, Cafi, Laboan, Toliman, Bachian, Mata et Batutiga, la Victoria laissa à l’ouest cette dernière île, et, gouvernant dans l’ouest-sud-ouest, s’arrêta pendant la nuit à l’île Sula ou Xula. À dix lieues de là, les Espagnols mouillèrent à Bourou, la Boëro de Bougainville, où ils se ravitaillèrent. Ils s’arrêtèrent trente-cinq lieues plus loin, à Banda, où l’on trouve le macis et la noix muscade, puis à Solor, où l’on faisait un grand commerce de sandal blanc. Ils y passèrent quinze jours pour radouber leur bâtiment, qui avait beaucoup souffert, et y firent une ample provision de cire et de poivre ; puis, ils relâchèrent à Timor, où ils ne purent se ravitailler qu’en retenant par trahison le chef d’un village, venu à bord avec son fils. Cette île était fréquentée par les jonques de Luçon et par les « praos » de Malacca et de Java, qui y faisaient grand commerce de sandal et de poivre. Un peu plus loin, les Espagnols touchèrent à Java, où se pratiquaient, paraît-il, à cette époque, les sutties en usage dans l’Inde jusqu’à ces derniers temps.

Parmi les contes que rapporte sans y croire entièrement Pigafetta, il en est un des plus curieux. Il a trait à un oiseau gigantesque, l’Epyornis, dont a retrouvé, vers 1830, des ossements et des œufs gigantesques à Madagascar. Cela prouve combien il faut être réservé avant de rejeter dans le domaine du merveilleux