Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

On passa ensuite par l’archipel des Soulou, repaire de forbans malais, qui vient d’être seulement dans ces derniers temps soumis aux armes espagnoles, puis par Mindanao, qu’on avait déjà visité, car on savait que les Moluques si ardemment cherchées devaient se trouver dans un voisinage plus ou moins immédiat. Enfin, après avoir vu nombre d’îles, dont la nomenclature ne nous apprendrait pas grand’chose, le mercredi 6 novembre, les Espagnols découvrirent cet archipel sur lequel les Portugais avaient débité tant de fables effrayantes et ils débarquèrent deux jours plus tard à Tidor. Le but du voyage était atteint.

Le roi vint à la rencontre des Espagnols et les fit entrer dans sa pirogue. « Il était assis sous un parasol de soie qui le couvrait entièrement. Devant lui se tenaient un de ses fils qui portait le sceptre royal, deux hommes ayant chacun un vase d’or plein d’eau pour laver ses mains et deux tenant de petits coffrets dorés remplis de bétel. » Puis, on le fit monter sur les bâtiments, où l’on se montra pour lui rempli d’égards ; en même temps on le chargeait, ainsi que les personnages qui l’accompagnaient, de présents qui leur parurent très-précieux. « Ce roi est maure, c’est-à-dire arabe, assure Pigafetta ; il est âgé d’à peu près quarante-cinq ans, assez bien fait et d’une belle physionomie. Ses vêtements consistaient en une chemise très-fine, dont les manches étaient brodées en or ; une draperie lui descendait de la ceinture jusqu’aux pieds ; un voile de soie, — sans doute un turban, — couvrait sa tête, et sur ce