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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

« Il était orné de toutes les vertus, dit Pigafetta ; il montra toujours une constance inébranlable au milieu de ses plus grandes adversités. En mer, il se condamnait lui-même à de plus grandes privations que le reste de son équipage. Versé plus qu’aucun autre dans la connaissance des cartes nautiques, il possédait parfaitement l’art de la navigation, ainsi qu’il l’a prouvé en faisant le tour du monde, ce qu’aucun n’avait osé avant lui. »

L’éloge funèbre de Pigafetta, pour être un peu hyperbolique, n’en est pas moins vrai dans le fond. Il fallut à Magellan une constance, une persévérance singulière pour s’enfoncer, au mépris de la terreur de ses compagnons, dans des régions où l’esprit superstitieux de l’époque imaginait des dangers fantastiques. Il lui fallut, pour arriver à découvrir, à l’extrémité de cette longue côte, le détroit qui porte si justement son nom, une science nautique singulière. Il dut avoir une attention de tous les instants pour éviter dans ces parages inconnus, et sans instruments de précision, tout accident fâcheux. Si l’un de ses navires se perdit, on le doit imputer à l’orgueil, à l’esprit de révolte du capitaine, bien plutôt qu’à l’impéritie et au manque de précaution du général. Ajoutons, avec notre enthousiaste conteur : « La gloire de Magellan survivra à sa mort. »

Duarte Barbosa, beau-frère de Magellan, et Juan Serrano furent élus commandants par les Espagnols, que d’autres catastrophes allaient atteindre.

L’esclave qui jusqu’alors avait servi d’interprète