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PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

ils n’adorent rien ; l’instinct naturel est leur unique loi. » C’est là une constatation intéressante, un aveu singulier de la part d’un italien du XVIe siècle, fort porté à la superstition, et qui prouve une fois de plus que l’idée de la divinité n’est pas innée, comme l’ont prétendu certains théologiens.

« Ces indigènes vivent très-vieux, ils vont complétement nus, couchent sur des filets de coton, appelés hamacs, suspendus à des poutres par les deux bouts. Quant à leurs barques, appelées canoas, elles sont creusées dans un seul tronc d’arbre et peuvent contenir jusqu’à quarante hommes. Ils sont anthropophages, mais par occasion seulement, et ne mangent guère que leurs ennemis pris dans le combat. Leur habillement de cérémonie est une espèce de veste faite de plumes de perroquets tissées ensemble et arrangées de façon que les grandes pennes des ailes et de la queue leur forment une sorte de ceinture sur les reins, ce qui leur donne une figure bizarre et ridicule. » Nous avons déjà dit que le manteau de plumes était en usage sur le bord du Pacifique, chez les Péruviens ; il est curieux de constater qu’il était également porté par les Brésiliens. On a pu voir quelques spécimens de cette singulière parure à l’exposition du musée ethnographique. Ce n’était pas d’ailleurs le seul ornement de ces sauvages, qui se passaient, par trois trous percés dans la lèvre inférieure, de petits cylindres de pierre, coutume qu’on retrouve chez bien des peuplades océaniennes et qu’il faut rapprocher de notre mode des boucles d’oreilles. Ces peuples