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PREMIER VOYAGE AUTOUR DU MONDE

neur si susceptible, si ombrageux, de Magellan. Aussi s’arrêta-t-il dès lors à une résolution extrême, qui répondait, d’ailleurs, à la grandeur de l’offense reçue. Pour que personne n’en pût ignorer, il fit constater par acte authentique qu’il renonçait à ses droits de citoyen portugais, changeait de nationalité et prenait en Espagne des lettres de naturalisation. C’était proclamer, aussi solennellement qu’il était possible de le faire, qu’il entendait être traité en sujet de la couronne de Castille, à laquelle il voulait consacrer dorénavant ses services et sa vie tout entière. Grave détermination, on le voit, qui ne trouva personne pour la blâmer, que les historiens les plus rigoristes ont excusée, témoin Barros et Faria y Sousa.

En même temps que lui, un homme profondément versé dans les connaissances cosmographiques, le licencié Ruy Faleiro, également tombé dans la disgrâce d’Emmanuel, quittait Lisbonne avec son frère Francisco et un marchand nommé Christovam de Haro. Il avait conclu avec Magellan un traité d’association pour gagner les Moluques par une voie nouvelle qui n’était pas autrement déterminée et qui restait le secret de Magellan. Dès qu’ils furent arrivés en Espagne (1517), les deux associés soumirent leur projet à Charles-Quint, qui l’accepta en principe. Mais il s’agissait, ce qui est toujours délicat, de passer aux moyens d’exécution. Par bonheur, Magellan trouva en Juan de Aranda, facteur de la chambre de commerce, un partisan enthousiaste de ses théories, qui lui promit de mettre en jeu toute