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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

demanda à haute voix confession, et, ne pouvant plus parler, il fit à terre une figure de croix qu’il baisa, et ainsi il rendit son âme à Dieu. » Des nègres traînèrent son corps à l’église, où Juan Barbazan, son ancien domestique, osa seul venir le réclamer. Ce fidèle serviteur fit en secret les honneurs de ses funérailles, car les conjurés avaient pillé sa maison et n’avaient pas laissé de quoi payer les cierges.

Ainsi finit François Pizarre, assassiné dans la capitale même du vaste empire que l’Espagne devait à sa vaillance et à sa persévérance infatigable, mais qu’il lui donnait, il faut bien l’avouer, ravagé, décimé, noyé dans un déluge de sang. Souvent comparé à Cortès, il eut autant d’ambition, de courage, de capacité militaire ; mais il poussa à l’extrême les défauts du marquis della Valle, la cruauté et l’avarice, auxquels il joignit la perfidie et la duplicité. Si l’on est porté à expliquer par l’époque où il vécut certains côtés du caractère de Cortès qui sont peu estimables, on est du moins séduit par cette grâce et cette noblesse de manières, par ces façons de gentilhomme au-dessus des préjugés qui le firent tant aimer du soldat. Dans Pizarre, on reconnaît, au contraire, une rudesse, une âpreté de sentiments peu sympathique, et ses qualités chevaleresques disparaissent entièrement derrière cette rapacité et cette perfidie qui sont les traits saillants de sa personnalité.

Si Cortès rencontra dans les Mexicains des adversaires braves et résolus qui lui opposèrent des difficultés