Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 2.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
LES CONQUISTADORES DE L’AMÉRIQUE CENTRALE

quis. C’est en vain que François Pizarre fut plusieurs fois instruit de ce qui se tramait contre lui, jamais il ne voulut ajouter foi aux avertissements. Il disait : « Soyez tranquilles, je serai en sûreté tant qu’il n’y aura personne au Pérou qui ne sache que je puis en un moment ôter la vie à celui qui oserait concevoir le projet d’attenter à la mienne. »

Le dimanche 26 juin 1541, au moment de la sieste, Jean de Herrada et dix-huit conjurés sortent de la maison d’Almagro, l’épée nue à la main, armés de pied en cap. Ils courent vers la maison de Pizarre en criant : « Mort au tyran ! mort à l’infâme ! » Ils envahissent le palais, tuent François de Chaves, qui accourait au bruit, et pénètrent dans la salle où se tenaient, avec François Pizarre, son frère François-Martin, le docteur Juan Velasquez et une douzaine de serviteurs. Ceux-ci sautent par les fenêtres, à l’exception de Martin Pizarre, de deux autres gentilshommes et de deux grands pages, qui se font tuer en défendant la porte de l’appartement du gouverneur. Lui-même, qui n’a pas eu le temps d’attacher sa cuirasse, saisit son épée et un bouclier, se défend vaillamment, tue quatre de ses adversaires, en blesse plusieurs. L’un des assaillants se dévoue, attire sur lui les coups de Pizarre. Pendant ce temps, les autres trouvent le moyen d’entrer et le chargent avec tant de furie qu’il ne peut parer tous les coups, étant même si las qu’à peine pouvait-il mouvoir son épée. Ainsi, « ils en vinrent à bout, dit Zarate, et achevèrent de le tuer d’une estocade dans la gorge. En tombant, il