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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

pendant lesquels Almagro fit valoir et son grand âge et la façon toute différente dont il en avait usé à l’égard de Fernand et Gonzalo Pizarre, lorsqu’ils étaient ses prisonniers, il recouvra son sang-froid et attendit la mort avec le courage d’un soldat. Il fut étranglé dans sa prison et décapité publiquement (1538).

Après plusieurs expéditions heureuses, Fernand Pizarre partit pour l’Espagne afin de rendre compte à l’empereur de ce qui s’était passé. Il trouva les esprits étrangement prévenus contre lui et ses frères. Leur cruauté, leurs violences, leur mépris des engagements les plus sacrés, avaient été exposés dans toute leur nudité et sans ménagement par quelques partisans d’Almagro. Aussi fallut-il à Fernand Pizarre une habileté merveilleuse pour faire revenir l’empereur. Hors d’état de juger de quel côté était la justice, puisqu’il n’était éclairé que par les intéressés, Charles-Quint ne voyait que les conséquences, déplorables pour son gouvernement, de la guerre civile. Il se décida donc à envoyer sur les lieux un commissaire auquel il remit les pouvoirs les plus étendus, et qui, après s’être fait rendre compte des événements, devait établir la forme de gouvernement qu’il jugerait la plus utile. Cette mission délicate fut confiée à un juge de l’audience de Valladolid, Christoval de Vaca, qui ne se montra pas au-dessous de sa tâche. Chose digne de remarque ! On lui recommanda d’user des plus grands égards envers François Pizarre, au moment même où son frère Fernand était arrêté et jeté dans une prison où il devait être oublié pendant vingt ans.