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GRANDS VOYAGES ET GRANDS VOYAGEURS

Almagro avaient remis la décision de leur différend, que Fernand Pizarre serait incontinent rendu à la liberté, que Cusco serait remis entre les mains du Marquis, et qu’on enverrait en Espagne plusieurs officiers des deux partis, chargés de faire valoir les droits réciproques des compétiteurs et d’en remettre la décision a l’empereur.

À peine le dernier de ses frères venait-il d’être mis en liberté, que Pizarre, rejetant toute idée de paix et d’arrangement amiable, déclara que les armes seules décideraient qui, de lui ou d’Almagro, serait le maître du Pérou. Il réunit en peu de temps sept cents hommes, dont il confia le commandement à ses deux frères. Dans l’impossibilité où ils se trouvèrent de traverser les montagnes pour gagner Cusco par une route directe, ils suivirent le bord de la mer jusqu’à Nasca et pénétrèrent dans une branche des Andes, qui devait les mener en peu de temps à la capitale.

Peut-être Almagro eût-il dû défendre les défilés des montagnes, mais il n’avait que cinq cents hommes, et il comptait beaucoup sur sa brillante cavalerie, qu’il n’aurait pu déployer dans un terrain resserré. Il attendit donc l’ennemi dans la plaine de Cusco. Les deux partis s’attaquèrent, le 26 avril 1538, avec un égal acharnement ; mais la victoire fut décidée par deux compagnies de mousquetaires, que l’empereur avait envoyées à Pizarre, quand il avait appris la révolte des Indiens. Cent quarante soldats périrent dans ce combat, qui reçut le nom de las Salinas. Orgoños et plusieurs officiers de