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accueil. Ce Kublaï-Khan, quatrième fils de Gengis-Khan, était empereur de la Chine, et il occupait alors sa résidence d’été en Mongolie, sur la frontière de l’empire chinois.

Les marchands vénitiens partirent et employèrent une année entière à traverser cette immense étendue de pays qui sépare Boukharâ des limites septentrionales de la Chine. Kublaï-Khan fut très-heureux de recevoir ces étrangers venus des pays occidentaux. Il leur fit grande fête, et les interrogea avec empressement sur les événements qui se passaient alors en Europe, demandant force détails sur les empereurs et les rois, sur leur administration, sur leurs méthodes de guerre ; puis il les entretint longtemps du pape et des affaires de l’Église latine.

Matteo et Nicolo, qui parlaient couramment la langue tartare, répondirent franchement à toutes les questions de l’empereur. Celui-ci eut alors la pensée d’envoyer des messagers au pape, et il pria les deux frères d’être ses ambassadeurs auprès de Sa Sainteté. Les marchands acceptèrent avec reconnaissance, car, grâce à ce nouveau caractère, leur retour allait se faire dans des conditions avantageuses. L’empereur fit préparer des chartes en langue turque, demandant au pape de lui envoyer cent hommes sages pour convertir les idolâtres au christianisme ; puis, il adjoignit aux deux Vénitiens un de ses barons nommé Cogatal, et il les chargea de lui rapporter de l’huile de la lampe sacrée qui brûle incessamment sur le tombeau du Christ à Jérusalem.