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nouveaux chercheurs dans la voie des découvertes. Telles furent les raisons qui décidèrent deux nobles Vénitiens à quitter leur patrie, à braver toutes les fatigues et tous les dangers de ces périlleux voyages dans le but d’étendre leurs relations commerciales.

Ces deux Vénitiens appartenaient à la famille Polo, originaire de la Dalmatie, que ses richesses, dues au négoce, avaient mise au rang des familles patriciennes de Venise. En 1260, les frères Nicolo et Matteo, qui se trouvaient depuis plusieurs années à Constantinople, où ils avaient établi une succursale, se rendirent avec une pacotille considérable de bijoux au comptoir de Crimée dirigé par leur frère aîné, Andrea Polo. De ce point, remontant vers le nord-est et traversant le pays de Comanie, ils atteignirent, sur le Volga, le camp de Barkaï-Khan. Ce prince mongol reçut fort bien les deux marchands de Venise, et leur acheta tous les bijoux qu’ils lui offraient au double de leur valeur.

Nicolo et Matteo restèrent un an dans le camp mongol ; mais, vers cette époque, en 1262, une guerre éclata entre Barkaï et le prince Houlagou, le conquérant de la Perse. Les deux frères, ne voulant pas s’aventurer au milieu de contrées battues par les Tartares, préférèrent se rendre à Boukharâ, qui formait la principale résidence de Barkaï, et ils y séjournèrent pendant trois ans. Mais, Barkaï vaincu et sa capitale prise, les partisans d’Houlagou engagèrent les deux Vénitiens à les suivre vers la résidence du grand khan de Tartarie, qui, d’ailleurs, ne pouvait manquer de leur faire un excellent