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prince mongol, Erkaltay, les attaquait du côté de la Perse, faisant une utile diversion en faveur du roi de France. Le bruit courait que ce prince s’était converti au christianisme. Saint Louis, désirant s’assurer du fait, chargea le moine Rubruquis d’observer Erkaltay dans son pays même.

Au mois de juin 1253, Rubruquis et ses compagnons s’embarquèrent pour Constantinople, et de là ils atteignirent l’embouchure du Don, sur la mer d’Azof, où se trouvaient un grand nombre de Goths, descendant des tribus germaniques. Arrivés chez les Tartares, les envoyés du roi de France furent d’abord assez mal traités ; mais, sur la présentation de leurs lettres, le gouverneur Zagathal, parent du khan, leur fournit des chariots, des chevaux et des bœufs pour leur voyage.

Ils partirent donc, et le lendemain ils rencontrèrent tout d’abord un village ambulant ; c’étaient des chariots chargés de maisons appartenant au gouverneur. Pendant dix jours, les voyageurs demeurèrent dans cette tribu, qui ne se distingua pas par sa générosité, et, sans leurs provisions de biscuits, Rubruquis et ses compagnons fussent sans doute morts de faim. Parvenus à l’extrémité de la mer d’Azof, ils se dirigèrent vers l’est en longeant un désert aride, sans un arbre, sans une pierre. C’était le pays des Comans, déjà traversé plus au nord par Carpini. Rubruquis, laissant au sud les montagnes habitées par les peuplades circassiennes, arriva, après un fatigant voyage de deux mois, au camp du prince Sartach, établi sur les rives du Volga.