Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.

franciscain et son compagnon en audience solennelle, dans une tente de pourpre blanche, qui pouvait contenir deux mille personnes.

« Étant donc là, dit Carpini, nous vîmes une grande assemblée de ducs et princes, qui y étaient venus de tous côtés avec leurs gens, et chacun était à cheval aux environs, par les campagnes et les collines. Le premier jour, ils se vêtirent tous de pourpre blanche, au second de rouge, et ce fut alors que Cuyné vint en cette tente ; le troisième jour, ils s’habillèrent de pourpre violette, et le quatrième de très-fin écarlate ou cramoisi. En cette palissade, proche de la tente, il y avait deux grandes portes, par l’une desquelles devait entrer l’empereur seulement ; il n’y avait point de gardes, encore qu’elle demeurât tout ouverte, d’autant que personne, entrant ou sortant, n’osait passer par là, mais on entrait par l’autre, où il y avait des gardes portant épée, arc et flèches. De sorte que, si quelqu’un s’approchait de la tente au delà des bornes qui avaient été posées, si on le pouvait attraper, il était battu, sinon on le tirait à coups de flèches. Il y avait là plusieurs seigneurs qui aux harnais de leurs chevaux portaient, à notre jugement, plus de vingt marcs d’argent. »

Cependant, un mois tout entier se passa avant que Cuyné fût proclamé empereur, et les envoyés du pape durent attendre son élection afin de pouvoir être reçus par lui. Carpini, mettant à profit ses loisirs, étudia les mœurs de ces hordes si curieuses. On trouve dans sa relation des détails intéressants à ce sujet.