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fort cruel dans ses guerres. Carpini et Étienne se placèrent à sa gauche.

C’était le jour du vendredi-saint. Les lettres papales, traduites en langue esclavone, arabique et tartare, furent présentées au prince. Celui-ci les lut attentivement, et renvoya les envoyés du pape à leur tente, où on leur servit pour tout repas une petite écuelle de millet.

Le lendemain, Bathy fit appeler les deux ambassadeurs et leur ordonna de se rendre vers l’empereur. Ils partirent le jour de Pâques avec deux guides. Mais, à se nourrir seulement de millet, d’eau et de sel, les malheureux voyageurs n’étaient pas très-valides. Cependant on les forçait d’aller très-vite, et ils changeaient de chevaux cinq ou six fois par jour. Ce pays de Comanie, qu’ils traversaient, était presque désert, ses habitants ayant été pour la plupart exterminés par les Tartares. Les voyageurs entrèrent sur le pays des Kangites, à l’est de la Comanie, où l’eau manque en beaucoup d’endroits. Dans cette province, les rares tribus s’occupaient seulement d’élever des bestiaux, et subissaient la dure servitude des Mongols.

Il fallut à Carpini tout le temps compris entre l’octave de Pâques et l’Ascension pour franchir ce pays des Kangites, et il pénétra alors dans la contrée des Bisermins, c’est-à-dire des Musulmans, qui correspond au Turkestan moderne. De tous côtés ce n’étaient que villes, villages et châteaux en ruines. Après avoir cheminé à travers cette région montagneuse depuis l’Ascension jusqu’à l’octave de Saint-Jean, c’est-à-dire jusqu’au