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vent vient à menacer le vaisseau, celui qui veut échapper se met dans une de ces peaux, coud cette peau en dedans de peur que l’eau n’y pénètre, ensuite se jette dans la mer ; alors, quelqu’un de ces grands aigles appelés griffons, le voyant et croyant que c’est une bête, descend, le prend et l’emporte sur terre, sur quelque montagne ou vallée, pour dévorer sa proie ; alors l’homme enfermé tue promptement l’aigle avec son couteau ; ensuite, sortant de sa peau, il marche jusqu’à ce qu’il trouve quelque lieu habité. Plusieurs personnes ont été sauvées de cette manière. »

On retrouve de nouveau Benjamin de Tudele à Ceylan, puis probablement à l’île de Socotora, à l’entrée du golfe Persique, et ensuite à Sebid ; traversant alors la mer Rouge, il arrive aux contrées de l’Abyssinie, qu’il appelle « l’Inde, qui est en terre ferme. » De là, redescendant le cours du Nil, à travers la contrée d’Assouan, il arrive au bourg d’Holvan, et, par le Sahara, où le vent engloutit les caravanes sous une couche de sable, il atteint Zavila, Kous, Faioum et Misraïm, c’est-à-dire le Caire.

Misraïm, au dire du voyageur, est une grande ville ornée de places et de boutiques. Il n’y pleut jamais, mais le Nil, qui déborde tous les ans une fois, arrose le pays « dans une étendue de quinze jours de chemin, » et lui communique une extrême fertilité.

Benjamin de Tudele, en quittant Misraïm, passa à Gizeh, sans remarquer ses pyramides, à Ain-Schams, à Boutig, à Zifita, à Damira, et il s’arrêta à Alexandrie,