Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et civil envers tous ceux qu’il rencontre. Il ne vit que du travail de ses mains, et fabrique des couvertures marquées de son sceau, qu’il fait vendre au marché par les princes de sa cour, afin de subvenir aux frais de sa nourriture. Il ne sort qu’une fois l’an de son palais, à la fête du Ramadan, pour se rendre à la mosquée qui est à la porte de Bassorah, et, remplissant les fonctions d’iman, il explique la loi à son peuple. Puis, il rentre à son palais par un chemin différent, et la route qu’il a suivie est gardée toute l’année, afin qu’aucun passant ne profane la marque de ses pas. Tous les frères du calife habitent le même palais que lui ; chacun d’eux est traité avec beaucoup d’honneur, et ils possèdent sous leur commandement des villes et des bourgs dont les revenus leur permettent de passer une vie agréable. Seulement, comme ils se sont rebellés une fois contre leur souverain, ils sont tous enchaînés avec des chaînes de fer et ont des gardes devant leur maison.

Après avoir noté ces particularités, Benjamin de Tudele descendit cet angle de la Turquie d’Asie arrosé par le Tigre et l’Euphrate, passa par Gihiagin, Babylone, ville ruinée, dont les rues s’étendent à trente milles de circuit. Il vit, chemin faisant, la fournaise ardente où furent jetés Ananias, Misaël et Azarias, Hillah et la tour de Babel, qu’il décrit en ces termes : « Là est la tour qu’ont bâtie les dispersés Elle est faite de briques ; la largeur de ses fondements est d’environ deux milles ; sa largeur est de deux cent quarante coudées, et sa hauteur de cent cannes ; de dix en dix coudées, il y a des