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torze ans, de 1160 à 1173, il explora presque tout le monde connu, et sa relation forme un document détaillé, minutieux même, dont l’autorité fut grande jusqu’au seizième siècle.

Benjamin de Tudele quitta Barcelone, et par Tarragone, Girone, Narbonne, Béziers, Montpellier, Lunel, Pousquiers, Saint-Gilles et Arles, il arriva à Marseille. Après avoir visité les deux synagogues et les principaux juifs de cette ville, il s’embarqua pour Gênes, où son navire arriva quatre jours après. Les Génois étaient alors les maîtres de la mer et faisaient la guerre aux Pisans, gens vaillants, qui ; de même que les Génois, dit le voyageur, n’ont ni rois ni princes, mais seulement des juges qu’ils établissent suivant leur bon plaisir.

Après avoir visité Lucques, Benjamin de Tudele, en six jours, arriva à Rome la grande. Alexandre III était pape alors, et, suivant la relation, il comptait des juifs parmi ses ministres. Parmi les monuments de la ville éternelle, Benjamin de Tudele cite plus spécialement Saint-Pierre et Saint-Jean de Latran ; mais ses descriptions sont singulièrement sèches. De Rome, par Capoue et Pouzzoles, alors à demi inondée, il se rendit à Naples, où il ne vit rien, si ce n’est les cinq cents juifs qui habitaient cette ville. Puis, traversant Salerne, Amalfi, Bénévent, Ascoli, Trani, Saint-Nicolas de Bari, Tarente et Brindes, il arriva à Otrante, sur le golfe de ce nom, ayant traversé l’Italie sans rien rapporter d’intéressant sur cette contrée si curieuse.

Quelque ingrate que soit la nomenclature des villes,