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dition d’Ormuz se rattache une anecdote bien connue, mais qu’on nous reprocherait, par cela même, de ne pas rapporter.

Comme le roi de Perse faisait réclamer à Noureddin le tribut que les souverains d’Ormuz avaient coutume de lui payer, Albuquerque fit apporter de ses navires quantité de boulets, de balles et de bombes, et les montrant aux envoyés, il leur dit que telle était la monnaie avec laquelle le roi de Portugal était accoutumé de payer tribut. Il ne paraît pas que les ambassadeurs de Perse aient réitéré leur demande.

Avec sa sagacité ordinaire, Albuquerque sut ne pas blesser les habitants, qui revinrent bien vite dans la ville. Loin de les pressurer comme devaient bientôt le faire ses successeurs, il établit une administration intègre, qui sut faire aimer et respecter le nom portugais.

En même temps qu’il accomplissait lui-même ces merveilleux travaux, Albuquerque avait confié à quelques lieutenants la mission d’explorer les régions mystérieuses dont il leur avait ouvert l’accès en s’emparant de Malacca. C’est ainsi qu’il remit à Antonio et à Francisco d’Abreu le commandement d’une petite escadre portant deux cent vingt hommes, avec laquelle ils explorèrent tout l’archipel de la Sonde, Sumatra, Java, Anjoam, Simbala, Jolor, Galam, etc. ; puis, arrivés non loin de la côte d’Australie, ils remontèrent au nord, après avoir fait un voyage de plus de cinq cents lieues à travers des archipels dangereux, semés d’écueils et de récifs de corail, au milieu de populations souvent hos-