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Européens. Les mœurs étranges, l’histoire fabuleuse de tant de nations allaient être dévoilées à l’Occident émerveillé. Une ère nouvelle s’ouvrait, et ces résultats immenses étaient dus à l’audace effrénée, au courage indomptable d’une nation dont la patrie était à peine visible sur la carte du monde !

Grâce à la tolérance religieuse dont Albuquerque fit preuve, tolérance qui tranche si étrangement avec le fanatisme cruel des Espagnols, grâce aux mesures habiles qu’il sut prendre, la prospérité de Malacca résista à cette rude secousse. Quelques mois plus tard il n’y avait plus d’autre trace des épreuves qu’elle avait traversées que le pavillon portugais qui flottait fièrement sur cette immense cité, devenue la tête et l’avant-garde de l’empire colonial de ce petit peuple, si grand par la valeur et l’esprit d’entreprise.

Cette nouvelle conquête, pour merveilleuse qu’elle fût, n’avait pas fait oublier à Albuquerque ses anciens projets. S’il semblait y avoir renoncé, c’est que les circonstances ne lui avaient pas jusqu’alors semblé favorables. Avec cette décision et cette ténacité qui formaient le fond de son caractère, de l’extrémité méridionale de l’empire qu’il fondait, ses regards étaient fixés sur le nord. Ormuz, qu’au commencement de sa carrière la jalousie et la trahison de ses subordonnés l’avaient forcé d’abandonner, et au moment même où le succès allait couronner ses efforts et sa constance, Ormuz le tentait toujours.

Le bruit de ses exploits et la terreur de son nom