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Portugais à regagner la côte de Malabar sans avoir rien obtenu ou qui les obligerait à rester à Malacca, où il comptait bien les exterminer, — inventa mille prétextes dilatoires, et, pendant ce temps, mit en batterie huit mille canons, disent les anciennes relations, et réunit vingt mille hommes de troupes.

Albuquerque, perdant patience, fit incendier quelques maisons et plusieurs navires guzarates, commencement d’exécution qui amena aussitôt la reddition des prisonniers ; puis, il réclama trente mille cruzades d’indemnité pour le dommage causé à la flotte de Lopes Sequeira ; enfin, il exigea qu’on lui laissât bâtir, dans la ville même, une forteresse qui devait servir en même temps de comptoir. Cette exigence ne pouvait être acceptée, Albuquerque le savait bien. Il résolut donc de s’emparer de la ville. Le jour de saint Jacques fut fixé pour l’attaque. Malgré une défense très-énergique qui dura neuf jours entiers, malgré l’emploi de moyens extraordinaires, tels qu’éléphants de guerre, pieux et flèches empoisonnés, trappes habilement dissimulées et barricades, la ville fut prise quartier par quartier, maison par maison, après une lutte véritablement héroïque. Un butin immense fut distribué aux soldats. Albuquerque ne se réserva que six lions de bronze disent les uns, de fer disent les autres, qu’il destinait à orner son tombeau et à éterniser le souvenir de sa victoire.

La porte qui donnait sur l’Océanie et la haute Asie était désormais ouverte. Bien des peuples, inconnus jusqu’à ce jour, allaient entrer en relations avec les