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para de Quiloa, puis de Mombaça, dont « les chevaliers, comme les habitants se plaisaient à le répéter, ne se rendirent pas aussi facilement que les poules de Quiloa. » De l’immense butin qui tomba dans cette ville entre les mains des Portugais, Almeida ne prit qu’une flèche pour sa part de butin, donnant ainsi un rare exemple de désintéressement.

Après avoir relâché à Mélinde, il atteignit Cochin, où il remit au radjah la couronne d’or qu’Emmanuel lui envoyait, tout en prenant lui-même, avec cette présomptueuse vanité dont il donna tant de preuves, le titre de vice-roi.

Puis, étant allé fonder à Sofala une forteresse destinée à tenir en respect tous les musulmans de cette côte, Almeida et son fils coururent les mers de l’Inde, détruisant les flottes malabares, s’emparant des navires de commerce, faisant un mal incalculable à l’ennemi, dont ils interceptaient ainsi les anciennes routes.

Mais, pour pratiquer cette guerre de croisières, il fallait une flotte à la fois considérable et légère, car elle n’avait guère, sur le littoral asiatique, d’autre port de refuge que Cochin. Combien était préférable le système d’Albuquerque, qui, s’établissant dans le pays d’une façon permanente, en créant partout des forteresses, en s’emparant des cités les plus puissantes d’où il était facile de rayonner dans l’intérieur du pays, en se rendant maître des clefs des détroits, s’assurait avec bien moins de risques et bien plus de solidité le monopole du commerce de l’Inde !