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tout l’Orient, si bien qu’on disait communément : « Si le monde est un anneau, Ormuz en est la pierre précieuse. »

Or, Albuquerque avait résolu de s’en emparer, non-seulement parce qu’elle constituait une proie désirable, mais encore parce qu’elle commandait tout le golfe Persique, la seconde des grandes routes de commerce entre l’Orient et l’Occident. Sans rien révéler aux capitaines de sa flotte, qui se seraient sans doute révoltés à la pensée de s’attaquer à une ville si forte, capitale d’un puissant empire, Albuquerque leur fit doubler le cap Mocendon, et la flotte entra bientôt dans le détroit d’Ormuz, porte du golfe Persique, d’où l’on vit s’étager dans toute sa magnificence une ville animée, bâtie sur une île rocheuse, dont le port renfermait une flotte plus nombreuse qu’on ne pouvait le soupçonner au premier abord, pourvue d’une artillerie formidable, et protégée par une armée qui ne s’élevait pas à moins de quinze à vingt mille hommes.

À cette vue, les capitaines adressèrent au capitam mõr de vives représentations sur le danger qu’il y avait à attaquer une ville si bien armée, et firent valoir l’influence fâcheuse que pourrait produire un échec. À ces discours, Albuquerque répondit qu’en effet « c’était une fort grande affaire, mais qu’il était trop tard pour reculer et qu’il avait plus besoin de détermination que d’un bon conseil. »

À peine l’ancre avait-elle mordu le fond qu’Albuquerque posait son ultimatum. Quoiqu’il n’eût sous ses