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dans le but d’attaquer le roi de Cochin et de le punir des secours et des avis qu’il avait donnés aux Portugais. Dans cette circonstance, la fidélité du malheureux radjah fut mise à une dure épreuve. Assiégé dans sa capitale par des forces imposantes, il se vit tout à coup privé du secours de ceux pour lesquels il venait cependant de se lancer dans cette aventure.

Sodres et quelques-uns de ses capitaines, désertant le poste où l’honneur et la reconnaissance leur commandaient de mourir, si besoin était, abandonnèrent Triumpara pour aller croiser dans les parages d’Ormuz et à l’entrée de la mer Rouge, où ils comptaient que le pèlerinage annuel de la Mecque ferait tomber entre leurs mains quelque riche butin. En vain le facteur portugais leur reprocha-t-il l’indignité de leur conduite, ils partirent à la hâte pour éviter cette censure gênante.

Bientôt le roi de Cochin, trahi par certains de ses naïres qu’avait gagnés le zamorin, vit sa capitale emportée d’assaut et dut se réfugier, avec les Portugais qui lui étaient restés fidèles, sur un rocher inaccessible de la petite île de Viopia. Lorsqu’il fut réduit aux dernières extrémités, le zamorin lui dépêcha un émissaire, qui lui promit, au nom de son maître, l’oubli et le pardon s’il voulait livrer les Portugais. Mais Triumpara, dont on ne saurait assez exalter la fidélité, répondit « que le zamorin pouvait user des droits de sa victoire ; qu’il n’ignorait pas de quels périls il était menacé, mais qu’il n’était au pouvoir d’aucun homme