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geant sa vengeance assouvie et pensant que la leçon serait profitable, après avoir laissé devant le port pour en continuer le blocus Vincent Sodres avec quelques navires, Gama reprit la route de Cochin.

Triumpara, le souverain de cette ville, lui apprit qu’il avait été vivement sollicité par le zamorin de profiter de la confiance que les Portugais avaient en lui pour s’emparer d’eux par surprise, et l’amiral, afin de récompenser cette droiture et cette loyauté qui exposaient son allié à l’inimitié du radjah de Calicut, lui donna, en partant pour Lisbonne avec un riche chargement, quelques bâtiments qui devaient lui permettre d’attendre en sûreté l’arrivée d’une nouvelle escadre.

Le seul incident qui marqua le retour de Gama en Europe, où il arriva le 20 décembre 1503, avait été la défaite d’une nouvelle flotte malabare.

Cette fois encore, les services éminents que ce grand homme venait de rendre à sa patrie furent méconnus, ou plutôt ne furent pas appréciés comme ils le méritaient. Lui, qui venait de jeter les bases de l’empire colonial portugais dans l’Inde, il eut besoin des sollicitations du duc de Bragance pour obtenir le titre de comte de Vidigueyra, et resta vingt et un ans sans être employé. Exemple d’ingratitude trop fréquent, mais qu’il est toujours à propos de stigmatiser.

A peine Vasco da Gama avait-il repris la route d’Europe que le zamorin, toujours poussé par les musulmans, qui voyaient leur puissance commerciale de plus en plus compromise, assembla ses alliés à Pani,