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triers, défenseurs, comme dit Camoëns, de l’empire d’Orient, contre les peuples de l’Ouest qui depuis tant de siècles convoitaient ses merveilleuses richesses.

Pendant cette série de tempêtes, le Cap avait été doublé et l’on approchait des côtes d’Afrique. Le 20 juillet, Mozambique fut signalée. Les Maures firent preuve cette fois de dispositions plus bienveillantes qu’à l’époque du voyage de Gama, et ils fournirent aux Portugais des pilotes qui les conduisirent à Quiloa, île fameuse par le commerce de poudre d’or qu’elle faisait avec Sofala. Là, Cabral retrouva deux de ses navires, qu’un coup de vent y avait jetés, et, après avoir déjoué par un prompt départ un complot qui avait pour but le massacre général des Européens, il arriva sans incident fâcheux à Mélinde.

Le séjour de la flotte dans ce port fut l’occasion de fêtes et de réjouissances sans nombre, et, bientôt, ravitaillés, radoubés, munis d’excellents pilotes, les navires portugais partirent pour Calicut, où ils arrivèrent le 13 décembre 1509.

Cette fois, grâce à la puissance de leur armement, ainsi qu’à la richesse des présents offerts au zamorin, l’accueil fut différent, et ce prince versatile consentit à tout ce que réclamait Cabral : privilège exclusif du commerce des aromates et de l’épicerie et droit de saisie sur les navires qui enfreindraient cette prescription. Pendant quelque temps, les Maures dissimulèrent leur mécontentement ; mais, lorsqu’ils eurent bien exaspéré la population contre les étrangers, ils se précipitèrent, à un signal donné, dans la factorie que dirigeait Ayrès Correa