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s’enfuir, non sans laisser cependant aux mains des Portugais une barque chargée de cocos et de vivres.

Arrivé à l’archipel des Laquedives, Gama fit espalmer le Berrio et tirer à terre son propre bâtiment pour le radouber. Les matelots étaient occupés à ce travail, lorsqu’ils furent encore une fois attaqués, mais sans plus de succès. Ils virent arriver le lendemain un individu d’une quarantaine d’années, vêtu à la mode hindoue et qui se mit à leur raconter en un excellent italien que, originaire de Venise, il avait été amené tout jeune dans le pays, qu’il était chrétien mais dans l’impossibilité de pratiquer sa religion. Jouissant d’une haute situation auprès du roi de la contrée, il avait été, par lui, envoyé vers eux pour mettre à leur disposition tout ce qu’ils pourraient trouver à leur convenance dans le pays. Des offres de service, si contraires à l’accueil qui leur avait été fait jusque-là, excitèrent les soupçons des Portugais. Ils ne tardèrent d’ailleurs pas à apprendre que cet aventurier était le chef des barques qui les avaient attaqués la veille. On lui donna alors des étrivières jusqu’à ce qu’il avouât être venu pour examiner s’il était possible d’attaquer la flotte avec avantage, et il finit, en déclarant que toutes les populations du littoral s’étaient liguées pour se défaire des Portugais. On le garda donc à bord ; les travaux furent hâtés, et, dès qu’on eût complété les approvisionnements d’eau et de vivres, on mit à la voile pour revenir en Europe.

Pour atteindre la côte d’Afrique, il fallut à l’expédition trois mois moins trois jours, à cause des calmes