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s’était assuré, fut rendue. Dias rapportait une lettre singulière écrite par le zamorin au roi de Portugal sur une feuille de palmier. Nous la reproduisons dans son étrange laconisme, si différent de la pompe ordinaire du style oriental :

« Vasco da Gama, naïre de ton palais, est venu dans mon pays, ce que j’ai eu pour agréable. En mon royaume, il y a beaucoup de cannelle, de girofle et de poivre, avec nombre de pierres précieuses, et ce que je souhaite de ton pays, c’est de l’or, de l’argent, du corail et de l’écarlate. Adieu. »

Le lendemain, Moucaïda, le Maure de Tunis qui avait servi d’interprète aux Portugais et qui leur avait rendu maint service dans leurs négociations avec le zamorin, vint chercher asile à bord des navires portugais. Les marchandises n’ayant pas été rapportées au jour fixé, le capitam mõr résolut d’emmener les hommes qu’il avait gardés pour otages. Cependant, la flotte se trouva arrêtée par le calme à quelques lieues de Calicut ; elle fut alors attaquée par une flottille de vingt barques armées que l’artillerie avait peine à tenir à distance, lorsqu’un violent orage vint les forcer à chercher un abri sous la côte.

L’amiral prolongeait la rive du Dekkan et avait permis à quelques matelots de descendre à terre pour cueillir des fruits et récolter de la cannelle, lorsqu’il aperçut huit bâtiments qui semblaient se diriger vers lui. Gama rappela son monde à bord, courut à la rencontre des Hindous, qui n’eurent rien de plus pressé que de