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deux hommes pour l’avertir que l’ambassadeur du roi de Portugal était arrivé et lui apportait des lettres de son souverain. Le roi dépêcha aussitôt un pilote chargé de conduire les navires portugais sur la rade plus sûre de Pandarany et répondit qu’il serait le lendemain de retour à Calicut.

En effet, il chargea son intendant ou catoual d’inviter Gama à descendre à terre pour traiter de son ambassade. Malgré les supplications de son frère Paul da Gama, qui lui représentait les dangers auxquels il allait s’exposer et ceux que sa mort ferait courir à l’expédition, le capitam mõr gagna le rivage, où l’attendait une foule immense.

L’idée qu’ils se trouvaient au milieu de peuples chrétiens était tellement enracinée chez tous les membres de l’expédition, que, rencontrant une pagode sur son chemin, Gama y entra faire ses dévotions. Toutefois, un de ses compagnons, Juan de Saa, que la laideur des images peintes sur les murailles rendait moins crédule, dit à haute voix, en s’agenouillant : « Si cela est un diable, je n’entends toutefois adorer que le vrai Dieu ! » restriction qui excita la bonne humeur de l’amiral.

Près des portes de la ville, la foule était encore plus compacte. Gama et les Portugais, conduits par le catoual, eurent de la peine à gagner le palais, où le roi, désigné dans les relations sous le titre de « zamorin, » les attendait avec une extrême impatience.

Introduits dans des salles pompeusement décorées d’étoffes de soie et de tapis, où brûlaient des parfums