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Que dites-vous de cette petite fête et de cette aubade réciproque que se donnent les Portugais et les nègres ? Se serait-on attendu à voir Gama, le grave Gama, que nous représentent ses portraits, initiant les nègres aux charmes de la pavane ? Par malheur, ces bonnes dispositions ne durèrent pas ; et il fallut faire quelques démonstrations hostiles par les décharges réitérées de l’artillerie.

Dans cette baie de Sam Braz, Gama planta un padraõ, qui fut renversé aussitôt après son départ. Bientôt on eut dépassé le Rio-Infante, point extrême atteint par Dias. À ce moment, la flotte ressentit les effets d’un courant violent, qui put être neutralisé, grâce au vent favorable. Le 25 décembre, jour de Noël, la terre de Natal était découverte.

Les bâtiments avaient des avaries, l’eau potable manquait ; il était urgent de gagner un port, ce que fit l’expédition, le 10 janvier 1498. Les noirs que virent les Portugais en débarquant étaient beaucoup plus grands que ceux qu’ils avaient rencontrés jusque-là. Ils étaient armés d’un grand arc, de longues flèches et d’une zagaie garnie de fer. C’étaient des Cafres, race bien supérieure aux Boschis. De si bons rapports s’établirent avec eux que Gama donna au pays le nom de Terre de la bonne Nation (Terra da boa Gente).

Un peu plus loin, en remontant toujours la côte, deux marchands musulmans, l’un portant le turban, l’autre un capuchon de satin vert, vinrent visiter les Portugais avec un jeune homme qui, « selon ce qu’on pouvait