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cacique, irrité de l’usurpation accomplie par les étrangers, résolut de les massacrer et de brûler leurs habitations. Un jour donc, il se jeta sur les Espagnols avec des forces considérables. Il y eut une bataille très-sérieuse. Les Indiens furent repoussés. Le cacique s’était laissé prendre avec toute sa famille ; mais ses enfants et lui parvinrent à s’échapper et ils gagnèrent la région des montagnes avec un grand nombre de leurs compagnons. Plus tard, dans le mois d’avril, les indigènes, formant une troupe considérable, attaquèrent une seconde fois les Espagnols, qui les exterminèrent en grande partie.

Cependant, la santé de Colomb s’altérait de plus en plus. Le vent lui manquait pour quitter cette relâche, il se désespérait. Un jour, épuisé de fatigue, il tomba et s’endormit. Dans son sommeil il entendit une voix compatissante qui lui dicta ces paroles que nous allons répéter textuellement, car elles sont empreintes d’une certaine religiosité extatique qui complète la personnalité du vieux navigateur. Voici ce que lui disait cette voix :

« Ô insensé ! pourquoi tant de lenteur à croire et à servir ton Dieu, le Dieu de l’univers ? Que fit-il de plus pour Moïse et pour David son serviteur ? Depuis ta naissance, n’a-t-il pas eu pour toi la plus tendre sollicitude ; et lorsqu’il te vit dans un âge où t’attendaient ses desseins, n’a-t-il pas fait glorieusement retentir ton nom sur la terre ? Les Indes, cette partie si riche du monde, ne te les a-t-il pas données ? Ne t’a-t-il pas